Ce matin du 21 décembre 2012, lorsque je me suis réveillé, j'étais mort. Nécessairement car ce jour là, c'était la fin du monde. Conscient de mériter d'aller en enfer, j'ai jeté autour de moi un regard inquiet de ce qui allait m'arriver.
J'ai vu qu'un ex taulard, comdamné je crois pour corruption et subornation de témoins, homme d'affaire licencieur et grande gueule, achetait un journal et je me suis dit que j'arrivais dans un monde où la liberté de la presse n'était plus chose acquise. Et je ne sais pas pourquoi, j'en senti que si on m'a assuré que je pourrai m'exprimer librement, et même crier de douleur autant que je voulais, cela signifiait en fait dire "cause toujours".
A peine arrivé, on m'annonce une augmentation l'électricité de 2,5% par rapport au tarif de mon monde d'avant. Après une hausse du prix du gaz. Que voulez-vous ? Même l'enfer a ses frais de fonctionnement... Cette hausse du prix de l'électricité consiste en une taxe pour financer les énergies renouvelables. Je me suis mis à réfléchir, bien qu'en enfer penser soit une idée assez mal vue en général. Donc j'ai pensé : produire de l'électricité avec des énergies renouvelables c'est bien. Bien sûr, cela va demander des investissements. Mais les entreprises qui auront investi vont ensuite produire de l'électricité avec ces énergies renouvelables, de l'électricité au final moins chère que celle produite avec ce pétrole qui augmente sans cesse. Ces entreprises qui produiront cette électricité moins chère gagneront de l'argent et récupéreront leurs investissements, puis feront des bénéfices. Alors pourquoi est-ce moi qui doit verser une taxe pour qu'elle "investissent", puisque je sais très bien que le prix du kilowatt-heure ne baissera pas à mon compteur même lorsqu'il me débitera de l'électricité renouvelable ?
Une taxe... J'apprends que le président de ce monde, lorsqu'il était en campagne, critiquait la moindre taxe ou augmentation imposée par le prédisent d'avant. En place, il n'en met pas moins taxes sur taxes, augmentations sur augmentations :-(
Dans la foulée, je constate qu'aucun homme politique ne tient ses promesses, et que tous se paient ma tête. Ou plutôt c'est moi qui paie, pour qu'ils puissent faire joujou. Joujou à bourrer les urnes d'un parti comme l'UMP, par exemple. UMP ça veut dire Une Magouille de Plus ici, il paraît. Et lorsqu'ils ont compté vos voix, c'est vous qui êtes dépouillés. Mais bon, avant c'était déjà comme ça. Ca a toujours été, de tous temps et partout, je crois bien.
En enfer, c'est moi qui bosse comme un damné, et ce sont ceux qui me regardent faire, qui me surveillent, qui s'enrichissent et qui ont tout le confort. Comme ces fonctionnaires du Sénat qui reçoivent des primes de chauffage grosses comme trois fois mon salaire. En enfer, les fonctionnaires sont chauffés gratis. Vous me direz, il y a une logique finalement. Puisqu'ils font fonctionner le truc, automatiquement ils sont chauffés... Mais il n'y a que vous qui en suez.
J'apprends que le SMIC va augmenter de 0,3% et que cette augmentation lilliputienne est justifiée par le fait qu'il n'y a pas d'inflation (me dit-on) même si le gaz et l'électricité augmentent. Mais, nouveau venu ici, je ne saisis pas encore bien cette arithmétique infernale.
J'apprends que des gens sont payés pour mettre à la poubelle la nourriture que d'autres n'ont pas à manger. Et si ces gens ne mettent pas la nourriture à la poubelle, mais qu'ils la mangent, alors ce sont eux qui sont mis à la poubelle, licenciés.
Grandeur et décadence, en enfer les premiers deviennent les derniers. La blanche colombe de l'esprit n'est plus qu'un petit moineau. Ici le Pape ne sait plus émettre que des gazouillis ridicules et insignifiants, au lieu d'indications crédibles et fiables qui pourraient m'aider à trouver la porte de sortie. Ici il tweete. En enfer, on ne peut même plus croquer la pomme. C'était déjà fait forcément, puisque nous sommes est arrivés là. La pomme croquée est toute desséchée, toute plate, toute morte. Comme pour constamment vous jeter à la face le péché originel, son cadavre est collé sur un truc en plastique dont le nom résume la triste condition du fruit défendu devenu fruit de la société de grande consommation : Aïe Pad. Un bloc de douleur...
Argh ! Je me rends compte que la sortie, je ne la trouverai jamais puisque toutes les cartes sont fausses. Aucun espoir... :'(
Pas cool d'être mort. Pas cool d'être en enfer.